26 mars 2013

Espaces communs : Pour reconstruire des communautés fleurissantes

Espaces communs est un blogue qui pose un regard intéressé sur l'appropriation des espaces publics par les citoyens et le renforcement des liens sociaux dans la communauté. J'y partagerai mes observations dans ma quête pour comprendre les éléments qui permettent l'épanouissement des citoyens dans leur communauté.

Ce carnet d'exploration couvrira principalement trois champs qui se recoupent dans ma réflexion sur les espaces communs: l'économie collaborative, l'aménagement des lieux publics et la collaboration dans les espaces virtuels.

Trois espaces qui suscitent la réflexion... Partager, embellir et collaborer sont trois mots qui invitent à l'action!

Au menu: Économie collaborative, Biens communs, Consommation collaborative, Crowdfunding, E-Learning, Placemaking, Agriculture urbaine, Crowdsourcing, Collaboration virtuelle, Approches participatives, Codesign citoyen, …

11 janvier 2013

Art of Hosting Montréal

Il y a de l'effervescence en ce moment à Montréal avec la tenue de l'événement Art of Hosting Montréal du 10 au 12 janvier 2013.

Plus de cent personnes sont rassemblées pour se pratiquer à agir ensemble, afin de se préparer à faire face aux grands défis qui se présentent au Québec.

Je suis fier de participer à cet événement et de prendre part à cette communauté qui prend forme.

Vous trouverez tous les détails à l'adresse suivante: http://www.aohmontreal.org

7 janvier 2013

Le Carrefour de l'innovation sociale


20130102-213948.jpgLe Carrefour de l’innovation sociale prend son envol avec l’intention de favoriser l’échange des idées et la collaboration.
Ce nouvel espace vise à promouvoir des projets innovants, des personnes et des organismes initiant le changement dans leurs collectivités. Il sert aussi à diffuser des contenus visant à mieux comprendre les approches, les méthodes et les concepts du domaine de l’innovation sociale.
Le Carrefour de l’innovation sociale est un espace ouvert à la collaboration. L’union des idées et des efforts permettra l’émergence d’un portrait des initiatives porteuses d’avenir.

7 novembre 2012

L’émergence de l’économie des biens communs


Le 3 novembre dernier s’est tenu à Montréal une rencontre réunissant chercheurs et praticiens autour d’un sujet bien particulier, celui du «bien commun». L’événement «À l’école des communs», auquel participaient notamment Michel Bauwens et Lionel Maurel, a été organisé par Communautique, Remix biens communs et la Chaire Nycole Turmel

Mais pourquoi parler de biens communs en 2012? La notion de «bien commun» n’est pourtant pas nouvelle! C’est que le bien commun se trouve au coeur d’une nouvelle économie en émergence, qui fait tranquillement sont chemin à l’intérieur même de l’économie mondiale de marchés. Dans l’optique de cette nouvelle mouvance, un «bien commun» est une ressource gérée par une communauté démocratiquement constituée et utilisée de manière à la rendre accessible à tous dans l’intérêt actuel et futur de la communauté.

L’émergence de cette économie des biens communs s’inscrit dans la montée d’un mouvement social à l’échelle mondiale et apparaît de plus en plus clairement dans nos radars.

Les sources d’un tel mouvement sont multiples et se rassemblent autour de plusieurs intentions, dont le rejet de l’économie mondiale de marchés, les limites de la société de consommation, la prise de conscience environnementale sur la capacité de la planète à supporter l’exploitation des ressources par les humains. La crise financière mondiale de 2008 constitue un événement important qui a engendré plusieurs conséquences, notamment sur l’économie des États-Unis et de celle de plusieurs pays européens. Elle a aussi entraîné une vague de protestations, dont le mouvement Occupy et le mouvement des indignés. Au Québec, les événements du Printemps québécois ont rassemblé plusieurs causes autour d’un vaste mouvement citoyen.

Face à cette économie de marchés qui crée artificiellement de la rareté tout en donnant l’impression que la croissance économique est possible à l’infini, le rejet de la logique économique actuelle se fait entendre sur toutes les tribunes. Les citoyens rappellent que ce système ne peut continuer indéfiniment puisqu’il nous conduit par sa logique intrinsèque à l’extinction éminente de l’humanité.

Mais, l’économie des biens communs se construisait bien avant ces crises économiques, politiques et sociales. Ce mouvement social se construit sur un ensemble des sous-cultures, dont plusieurs associées au développement d’Internet. La création de biens communs développés collectivement prend pour une bonne part sa source dans le mouvement open source qui défend la liberté d'accéder aux codes source des logiciels que les gens utilisent.

Quand on y regarde attentivement, on constate que l’approche du contenu partagé se propage à toutes les sphères de la production humaine, de sorte que la situation laisse entrevoir la formation d’une économie des «communs» imbriquée dans l’économie de marchés. Ce qui est le plus surprenant, c’est que non seulement elle s’étend à une vitesse prodigieuse mais en plus, elle tend à donner des résultats vertigineusement plus productifs que les anciennes approches de production de valeur.

WikiSpeed
À ce sujet, l’exemple de WikiSpeed est impressionnant, un projet de voiture open source développé avec l’objectif de produire une voiture sport à faible consommation d'essence à un prix inférieur à 20'000$. Un réseau de plus de 50 experts de plusieurs horizons ont développé ensemble cette voiture dépassant la capacité de développement des compagnies traditionnelles. La Wikispeed SGT01 dépasse tous les standards avec une consommation de carburant de 2,26 L/100 km en ville et de 2,06 L/100 km sur autoroute.

Alors que la prise en charge du bien commun signifiait autrefois de gérer l’appropriation d’une ressource limitée par un grand nombre de personnes, la question du bien commun entre aujourd’hui dans une nouvelle ère. En effet, lorsqu’un plan, une approche, un code ou un savoir-faire est offert librement sur la place publique, il s’ajoute aux autres biens utilisables sans restriction, créant ainsi de l’abondance de ressources disponibles. Mais plus encore, il est possible de créer de la valeur additionnelle en utilisant un bien commun pour l’améliorer et le rendre disponible à nouveau ouvertement.

Un autre exemple de l’«économie des communs», celui-là dans le domaine de la production de savoirs, l'association française Sésamath, qui regroupe des professeurs de mathématique. Cette communauté développe des outils pédagogiques en ligne et diffuse gratuitement des contenus sur Internet pour soutenir les professeurs dans l'enseignement des mathématiques aux enfants. Bien entendu, ces contenus engendrent un conflit avec l'économie traditionnelle puisqu'elle concurrence directement les éditeurs de matériel scolaire.

Cette nouvelle économie fournit des biens utilisables par tous, ce qui profite autant les citoyens que les entreprises qui ont librement accès à ces biens. Mais, il s’agit certainement d’un changement de paradigme car la logique des marchés pourrait perdre de sa raison d’être à mesure que des biens communs entrent en concurrence avec des biens de consommation payants. D’autant plus que les approches de développement en données libres sont si performantes que plusieurs entreprises n’arriveraient jamais à concurrencer ces projets.

Il y a place à l’enthousiasme car l’accumulation de biens communs, qu’ils prennent la forme d’objets, de codes, de données, d’information, tend à générer de l’abondance pour l’humanité. Et, les approches de développement produisent de la valeur avec plus d’efficacité que jamais dans l’histoire de l’humanité. C’est en cela que l’émergence de l’économie des biens communs pourrait bien s’étendre et faire profiter l’humanité, si nous arrivons à la faire évoluer judicieusement.

25 octobre 2012

Éducation ouverte et bazar technologique


Comme plusieurs, j’ai eu quelques palpitations en suivant à distance le dévoilement des nouveaux appareils présentés par Apple le 23 octobre dernier, dont le tout nouveau iPad mini. Mais la véritable révolution est passée presque inaperçue.

Le moment pivot de la présentation de Tim Cooks se trouvait dans ces paroles : « 2500 schools in the US are using iBooks textbooks. Small publishers, teachers, universities, are all using this to provide engaging content. » Puis, il ajoutait « The latest version of iBooks author is being announced today. »

Voilà le nouveau marché convoité, tout le reste n'était que pixels et circuits électroniques!

L'école d'Athènes. Raphaël. 1511.

L’école d’Athènes. Raphaël. 1511.
Depuis les premiers développements technologiques des réseaux informatiques dans les années 60, des projets novateurs ont vu le jour dans le domaine de l’éducation. La capacité de diffusion mondiale instantanée des contenus annonçait nécessairement un immense potentiel. Cette fois, la période d’expérimentation en milieu contrôlé au sein du monde universitaire est terminée. Désormais, le combat est amorcé pour s’approprier le marché global de l’éducation, de la maternelle jusqu’au doctorat.

Apple s’est déjà taillé une place de choix dans le système d'éducation américain avec un fort engouement pour les iPads et le déploiement de ses outils: « iBooks textbooks are now available for 80 percent of the US high school core curriculum. ». En faisant la promotion des outils iBooks Textbooks et Author, Apple donne aux professeurs les moyens de produire facilement des contenus dynamiques.

Ce qui manquait pour propulser le changement, seul Apple pouvait l’offrir au monde : la convivialité! En offrant un outil en réseau facile d’utilisation (iPad/iOS), avec un format de lecture des contenus dynamique (iBooks Textbooks) et un outil simple pour produire les livres et les partager (iBooks Author), l’équation est complète. Il ne reste plus qu’à produire des contenus et à les partager. Tout est gratuit, sauf la tablette, évidemment!

Il ne s’agit là que du début d’une lutte commerciale sans précédent dans laquelle chacun déploiera ses propres armes. Apple oriente sa stratégie éducationnelle autour de ses forces, soit la production d'outils technologiques et d’interfaces intuitives.

Google mets aussi l'accent sur ses forces avec ses outils de recherche et propose au monde de l'éducation ses divers outils de collaboration de la suite Google: Blogger, Calendar, Groups, iGoogle, ... Google choisit donc de se positionner dans le repérage de contenu disponible sur le Web et incite le milieu de l'éducation à produire et à partager des contenus en ligne.

Des entreprises comme Amazon ont fait le choix de proposer la vente de livres électroniques via le Web. Ils s'insèrent dans le système classique des éditeurs et diffuseur qui contrôlent le contenu et visent à remplacer la librairie conventionnelle.

Trois géants, trois modèles. Apple offre les outils de création gratuitement et vend des tablettes pour consulter les contenus. Google fait ses profits grâce à la publicité insérée à travers ses résultats de recherche. Amazon se fait vendeur et tire sa part de profit sur chaque livre vendu.

L’avenir passe par l’éducation ouverte et le partage des contenus. Tout comme l’industrie de la musique et du cinéma ont du se réinventer, la transmission du savoir sera profondément bouleversée au cours des prochaines années.

Et cette révolution va largement au-delà de la lutte commerciale. Elle se déploie tout azimut dans une multitude d’initiative universitaire cherchant à étendre les possibles dans le domaine de l’éducation : cours en ligne, MOOC, contenus partagés en ligne sous licence Creative commons, … L’engouement pour ces initiatives universitaires s’ouvre hors des institutions, les groupes d’apprentissage (cercles d’apprentissage, universités populaires, …) se multiplient dans plusieurs grandes villes du monde.

Toutes ses initiatives se tissent les unes aux autres pour faire émerger une nouvelle approche de la transmission du savoir. C’est l’amorce d’une véritable révolution pour l’humanité, celle de l’intelligence collective à l’échelle planétaire. Bien des enjeux seront à surveiller, notamment l’accès aux outils technologiques (inforiches/infopauvres), la transformation du métier de professeur et la très problématique question du droit d’auteur.

Avec l’incroyable capacité d’Internet à permettre le partage des contenus de par le monde, le savoir pourrait en arriver à être perçu comme une ressource vitale à l’être humain, tout comme l’air que l’on respire ou l’eau que l’on boit. Si les réseaux peuvent permettre une meilleure intégration des savoirs à l’échelle humaine, force est de constater que l’humanité n’a toujours pas réussi à rendre équitable le partage de l’eau potable à l’échelle mondiale.