Alors que les canaux de communication se multiplient et que
les modes de communication se diversifient, jamais n’a-t-on eut autant
d’occasions d’établir une conversation avec autrui. Pourtant, savons-nous
dialoguer avec les autres? Plus que jamais, il est pertinent de se questionner sur
la qualité de la discussion et sur sa capacité à faire croître la connaissance,
à favoriser l’apprentissage de chacun, à établir des consensus, à faire émerger
des projets et à construire du sens commun.
Dernièrement, au sein du cercle d’apprentissage Équipage, nous
avons eu l’occasion de vivre une expérience inspirée de l’approche du dialogue
de Bohm. Je trouve utilise de rappeler quelques aspects concernant Bohm et la
réflexion qu’il propose.
David Bohm est un important physicien américain, devenu
philosophe. Au cours de sa vie, il s’est consacré à l’analyse du dialogue. Le
dialogue se présente comme une opposition à la «discussion», qui
consiste à convaincre autrui en exposant des aspects positifs et négatifs sur
une idée. Le «dialogue», pour sa part, serait plutôt une activité
menant à construire un nouveau sens à partir des idées en présence.
L’exercice qu’il propose consiste à rassembler des personnes
de cultures différentes, sans chef et sans objectif prédéfinis. L’objectif est
de voir ce qu’ils créent ensemble spontanément, jusqu’à former un nouveau
microcosme, à la fois unique et représentatif de la collectivité plus large qui
les unie.
L’expérience permet donc de prendre conscience des
mécanismes de la pensée individuelle à travers le dialogue et, ultimement, à
permettre de transformer le système de pensée du groupe. La réflexion de Bohm fait
prendre conscience de la charge émotive des opinions pour les dépasser et ainsi
en arriver à comprendre les autres. Ce cheminement ne cherche évidemment pas à
évacuer les émotions de l’expression mais plutôt à comprendre leur influence
dans le dialogue.
Je retiens de cette expérience que la création de sens dans
un groupe demande de s’exercer au dialogue. Le dialogue est donc une compétence
dont il faut prendre conscience en soi dans ses rapports aux autres. Il faut
développer cette compétence au dialogue pour prendre conscience de la charge
émotive des opinions, afin de construire du sens au niveau de l’individu, du
groupe et de la collectivité.